Cinq éléments pour une activité efficace sur les réseaux sociaux
Avec la pandémie, beaucoup de nouvelles plateformes ont vu le jour pour s’adapter à la « nouvelle normalité ». Ce fût l'émergence de nouveaux leaders d'opinion de la dentisterie moderne alliant preuve et outils numériques.
Les réseaux sociaux incluent plusieurs outils sur internet dont, entre autres, des blogs, des forums, des communautés de contenu et des sites de réseaux sociaux tels que Twitter, YouTube, Facebook, LinkedIn, GDPUK, Instagram et Pinterest¹. Il y a aujourd’hui plus de 4,3 milliards d’utilisateurs de réseaux sociaux à travers le monde, soit presque la moitié de la population mondiale².
Une nouvelle ère
Avec l’apparition de la Covid-19, beaucoup de nouvelles plateformes ont été lancées pour s’adapter à la « nouvelle normalité » pendant les confinements et les couvre-feux. Des conférences en ligne ont été diffusées, comme par exemple « Geistlich+You », et la « nouvelle normalité » a ouvert la voie à de de nouvelles opportunités pour les jeunes cliniciens en leur permettant de partager leur talent et leurs compétences avec la communauté dentaire. C’est à ce moment-là que sont apparus de nouveaux conférenciers et mentors qui ont opté pour la dentisterie moderne fondée sur la preuve avec tous ses outils digitaux, ses biomatériaux, ses techniques et sa documentation professionnelle.
Mon expérience sur les réseaux sociaux a débuté avec Instagram, le réseau social le plus populaire dans le pays où je réside. Instagram a un mécanisme de suggestion – il informe vos amis sur Facebook et suggère votre compte à d’autres utilisateurs d’Instagram qui ont des intérêts similaires. J’ai tout d’abord publié certains de mes anciens cas cliniques. J’ai également essayé d’observer les autres influenceurs à fort impact et j’ai appris que les photos de grande qualité pour les cas cliniques, les procédures et les techniques chirurgicales sont ce qui intéresse le plus les cliniciens, avec le plus haut niveau d’engagement.
J’ai amélioré mes compétences et mon matériel de photographie, en utilisant par exemple un appareil photo et un système d’éclairage plus avancés. J’ai ensuite commencé à publier quotidiennement des cas cliniques de haute qualité, en ajoutant dans les légendes une description détaillée du protocole chirurgical. J’ai répondu à tous les commentaires, ainsi qu’aux messages privés. Il m'est arrivé de faire une "consultation virtuelle" avec mes confrères afin de les aider à identifier le bon traitement pour leurs patients. Je leur ai parfois envoyé les références et articles scientifiques correspondants. Mon compte a commencé à prendre de l’ampleur et j’ai remarqué l’inspiration que je suscitais à chaque post.
1. Commencer avec une stratégie
Dans la communauté dentaire, les réseaux sociaux sont utilisés non seu-lement pour étendre notre réseau pro-fessionnel mais également pour infor-mer les patients, instaurer un climat de confiance, influencer et aider à développer notre cabinet.
Pour engager sa communauté et construire une page attractive, nous devons fixer un objectif clair et précis et suivre une stratégie. Cela commence par être transparent sur qui nous sommes. Par exemple, sur Instagram, il est important d’avoir une « Bio » attractive et informative qui indique le domaine de spécialisation, le niveau de formation et un lien vers d’autres pages personnelles sur des réseaux tels que Twitter, Facebook, YouTube et un site Web.
2. Trouver son « public »
Nous devons définir et cibler nos diffé-rentes catégories d'audience, puis planifier le bon contenu pour chaque groupe.
Par exemple, les praticiens ont souvent tendance à « liker » et commenter les posts multidisciplinaires, les chirurgies complexes ainsi que les réhabilitations et reconstructions complètes. Pour eux, la présentation du cas est particulièrement importante et des photos intra-orales et extra-orales de haute qualité sont essentielles.
En revanche, les patients choisissent d'ignorer et de ne pas suivre les pages qui publient beaucoup de chirurgie et de photos de cas médicaux qu'ils peuvent trouver repoussantes. Ils préfèrent au contraire les transformations agréables, les photos avant/après et les posts de sensibilisation.
3. Importance du contenu
Votre audience cherche un contenu de qualité. Prévoyez de rester cohérent(e) dans l'intégralité de vos posts. Incluez des cas intéressants, utilisez des matériaux de qualité et mettez en avant de nouvelles techniques ainsi qu’une den-tisterie reposant sur des preuves. La description de la procédure et l’ajout de commentaires font comprendre aux lecteurs l’objectif du cas clinique publié. De même, inclure des questions dans les légendes, adressées aux patients ou aux cliniciens, incite votre audience à interagir avec vous. Les posts sur des cas cliniques suscitent parfois beaucoup d’interactions et des critiques très diverses car chaque dentiste a ses propres approches et convictions scientifiques. Construire une relation de confiance avec sa communauté, avoir une approche scientifique et citer des données probantes ainsi que des références sont essentiels et renforcent la crédibilité du travail clinique.
4. Interagir et optimiser la relation
Quand publier ? Les meilleurs moments pour publier sur les réseaux sociaux sont souvent tôt le matin, durant la pause déjeuner et le soir. Publier pendant le pic d'activité de votre audience vous assurera une plus grande portée et un plus fort engagement, et vous aidera à développer votre compte. Il est également important de faire des posts quotidiens et de communiquer avec l'audience à travers les stories Instagram. Pour favoriser l'inte-raction et entrer en contact direct avec les followers, vous pouvez utiliser différents moyens tels que les sondages ou les questions/réponses.
Un moyen d’entrer en conversation directe avec l'audience est la « diffusion en direct ». Différents thèmes peuvent être abordés tels que le partage d’expérience, de protocoles, de conseils et d’astuces ou toute autre sujet intéressant. Les "directs" réguliers (à fréquence hebdomadaire ou mensuelle) peuvent vous donner une idée de ce qui intéresse réellement l'audience et vous donner plus d’idées. Les hashtags élargissent la portée de vos posts et aug-mente la visibilité de vos publications. Il est possible d’utiliser plus de 30 hashtags dans un post Instagram. Essayez de trou-ver les principaux hashtags qui ciblent l'audience recherchée et utilisez-les tous. Une telle stratégie peut vous faire appa-raître dans la page d’exploration (où Ins-tagram édite du contenu pour ses utilisa-teurs). De même, tagguer des personnes, d’autres pages et d’autres emplacements augmentera le taux d’engagement ain-si que la visibilité de votre page. Lorsque vous aurez plusieurs publications sur votre page et lorsque votre compte com-mencera à se développer, vous pourrez commencer à tagguer vos amis, et même les influenceurs et gros comptes sur les réseaux sociaux, pour les inviter à lire vos posts et leur demander s’ils souhaitent collaborer.
Assurez un suivi quotidien de vos posts et « reposts » par l’intermédiaire de vos autres comptes et pages, et répondez aux commentaires. Enfin, faites la promotion de votre page sur d’autres plateformes comme Twitter, Facebook et autres.
5. Responsabilités numériques
Réussir à l’ère numérique exige de prendre des responsabilités numériques. Il est essentiel d’obtenir un formulaire de consentement légal signé par les patients permettant aux praticiens de prendre des photos et de les partager lors de confé-rences et sur les réseaux sociaux. Les praticiens seront responsables si ces informations/données sont partagées ou utilisées abusivement sans l’autorisation du patient.
Le General Dental Council (GDC), qui est le principal organisme de réglementation pour les professionnels du secteur dentaire au Royaume Uni, définit des normes les concernant. « Vous ne devez en aucun cas publier des informations ou des commentaires à propos des patients sur les réseaux sociaux ou les blogs¹. Si vous utilisez les réseaux sociaux professionnels pour discuter de cas anonymisés et débattre des meilleures pratiques, vous devez impérativement veiller à ce que le ou les patient(s) ne puisse(nt) pas être identifié(s). » Même les discussions en ligne entre les patients et les praticiens doivent impérativement être évitées car elles peuvent entraîner des problèmes juridiques et des poursuites, notamment en cas de commentaires inappropriés³.
Le futur commence aujourd'hui
Les réseaux sociaux sont un instru-ment à double tranchant. Ils dominent aujourd'hui le marché et détiennent une place importante au sein des différentes plateformes de formation disponibles dans le monde. Les réseaux sociaux ont tout particulièrement progressé pen-dant l'épidémie de Covid 19, en offrant un large éventail de contenus aux étudiants en dentaire, et même aux chirur-giens-dentistes chevronnés.
Le contenu des formations est devenu facilement accessible, à un coût inférieur, devenant une source d’apprentissage im-portante pour les étudiants et les chirurgiens-dentistes fraîchement diplômés. Mais il est également crucial de choisir soigneusement les supports de formation avant de les adopter. En l’absence de re-lecture et de contrôle, la qualité des informations pourrait parfois être insuffisante. Toute personne ayant un compte peut publier un cas clinique ou des affirmations sans données probantes ni références. Cela peut donc engendrer le partage de nombreuses informations erronées. « Les informations manquantes » peuvent être aussi dangereuses que la « fausses informations » sur les réseaux sociaux.
C’est aux cliniciens et professionnels du secteur dentaire qualifiés d’être vigilants et de ne pas republier des informations fausses ou potentiellement nuisibles, de guider les étudiants, les praticiens fraîchement diplômés et les patients vers les meilleurs options thérapeutiques, matériaux et procédures dans les cabinets dentaires, et d’utiliser les réseaux sociaux au profit de la communauté dentaire.
Références
- General Dental Council. Guidance on using social media. Effective from 27 June 2016. Available at: http://www. gdc-uk.org/Dentalprofessionals/Standards/Documents/ Guidance%20on%20using%20social%20media.pdf (accessed October 2016).
- “Number of global social network users 2017-2025|Statista”. Statista. Retrieved 2020-08-05.
- Chauhan B, Janis Coffin D O FA. Social media and you: what every physician needs to know. J Med Pract Manage 2012; 28: 206-209